Le prophete mohammad et sa famille vénéréé


Ben Barka LE FONDATEUR DU PARTIE \"UNION NATIONALE DES FORCES POPULAIRES\" etait un agent du MOSSAD israelien et des services secrets tchécoslovaques.

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Ben Barka
Agent du Mossad ET des services secrets chekoslovaques
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? Je sais qui a tu? Ben Barka, je sais pourquoi et je sais o? son corps se trouve aujourd'hui ?. Yigal Bin-Nun dit ce qu'il veut bien dire de ? l'affaire Ben Barka ?. L'historien pr?pare un livre sur l'ic?ne de la gauche marxiste caviare marocaine et dit ne pas souhaiter voir ses r?v?lations faire la Une des journaux sans v?ritable appareil argumentatif.

Tout ce que l'on saura, c'est que Mehdi Ben Barka a ?t? tu? par erreur et que son corps repose quelque part en France. Que la fameuse histoire de la cuve est fausse et que le livre de Boukhari est un tissu de boniments. Qu'il n'y a rien sous la mosqu?e de Courcouronnes. Que Mohamed Oufkir n'a probablement rien ? voir avec l'enl?vement et l'assassinat et que le seul nom r?current est celui de Dlimi. Que tout a ?t? organis? par Miloud Ettounsi, alias ? Chtouki ??




Ben Barka: bien plus que ? saheb lihoud ?

Mais ce n'est pas tout. Yigal Bin-Nun veut bien donner quelques d?tails sur un autre sujet explosif : les relations de Mehdi Ben Barka avec Isra?l et le Mossad.



Il affirme que Ben Barka ?tait bien plus que ? Saheb Lihoud ?; Ben Barka aurait eu des contacts presque quotidiens avec le Mossad, notamment avec le num?ro 2, Yaakov Karoz.

Des relations idylliques qui commenc?rent ? se ternir lorsque Ben Barka parla ouvertement de prendre le pouvoir au Maroc et demanda non seulement de l'argent, mais aussi des armes ? Isra?l.

Mehdi Ben Barka, tel que le d?crit Yigal Bin-Nun, ?tait ?galement attir? par le "mod?le de d?veloppement isra?lien."!

Ben Barka aurait demand? ? ses interlocuteurs du Mossad des livres pour apprendre l'h?breu ainsi que des manuels concernant le d?veloppement rural et agricole en Isra?l afin de s'en inspirer au Maroc.

Le chercheur isra?lien s'est bas? sur des t?moignages d'acteurs de l'?poque toujours en vie, mais aussi et surtout sur les archives d?classifi?es de l'Etat h?breu.

La relation de Mehdi Ben Barka avec Isra?l, daterait de mars 1960. Deux documents des comptes rendus class?s aux archives nationales du minist?re isra?lien des Affaires ?trang?res Isra?lien, dont l'auteur est Andr? Chouraqui, dirigeant de l'Agence juive, rapportent le contenu des rencontres entre ce m?me Andr? Chouraqui et Mehdi Ben Barka ? Paris en Mars 1960.

Le contexte politique marocain est pour le moins tendu. Le gouvernement Abdallah Ibrahim et Mehdi Ben Barka sont en conflit ouvert avec le prince h?ritier Moulay Hassan. Dans l'un des comptes rendus, Chouraqui ?crit : ? Au cours de son voyage en Orient, le sultan a mis Ibrahim ? l'?cart des conversations avec Nasser et les autres souverains du Proche-Orient ?.

Le Sultan est revenu transform? au moins sur ce point. Il sait qu'on peut gouverner un Etat seul et ? au besoin ? en mettant en prison des milliers de personnes.

Ibrahim, par contre, a vu que la politique arabe dont il ?tait l'instigateur n'est plus payante et qu'elle se retourne actuellement contre lui ; d'o?, pour lui et ses amis, la n?cessit? de trouver de nouvelles alliance. Il les cherche alors du c?t? de l'Occident, des juifs et des forces de gauche.

? Selon ce document, Mehdi Ben Barka affirmait ? ses interlocuteurs que le gouvernement Ibrahim avait pris position pour le g?n?ral Kassem, pr?sident de l'Irak dans le conflit qui l'opposait ? Gamal Abdenasser au sein de la Ligue Arabe.

Mehdi Ben Barka aurait dit lors de ces rencontres que le mouvement qu'il repr?sentait avait fait le choix de la d?mocratie que pouvait repr?senter le g?n?ral Kassem et les pays africains qui se d?mocratisaient, plut?t que de suivre le mod?le nass?rien.



Rencontres soutenues

D'apr?s le document, Ben Barka aurait propos? une solution pratique ? un probl?me qui embarrasse Isra?l et la communaut? juive marocaine : la rupture des rapports postaux entre Isra?l et le Maroc.

R?sultat de l'adh?sion du Maroc ? la Ligue Arabe, cette rupture avait suscit? la mobilisation des organisations juives. Un intense travail de lobbying avait ?t? effectu?.

Pourquoi le leader du "progressisme" caviar marocain enjuiv? fait-il autant d'efforts vis-?-vis des lobbies juifs et d'Isra?l lui-m?me ?

Dans ce fameux document, Andr? Chouraqui ?crit : ? La deuxi?me chose qui r?sulte de ce premier entretien avec Ben Barka est que celui-ci a, avec empressement, accept? l'invitation de visiter Isra?l.

Si cela se r?alise, cela aura des cons?quences lointaines non n?gligeables. Ben Barka, en s'ouvrant ? nous, attend de nous un appui moral aupr?s des Juifs marocains et, tr?s probablement aussi, un appui mat?riel s'il entre en guerre ouverte contre la monarchie.

Il aura besoin d'argent et d'armes. Il m'a laiss? entendre cela d'une mani?re assez claire ?. Selon les archives isra?liennes, Andr? Chouraqui organisera, le 26 mars 1960 ? Paris, une rencontre entre Mehdi Ben Barka et Yacoov Karoz , num?ro deux du Mossad.

Yigal Bin-Nun produit ? l'appui de sa th?se un autre document d'archives provenant du Congr?s mondial Juif (CMJ). Il s'agit l? aussi d'un compte rendu d'une rencontre entre Mehdi Ben Barka et Alexandre Easterman du CJM, ? Paris le mardi 5 avril 1960.

Selon ce document, c'est ? la demande du leader marocain que la rencontre eut lieu. Easterman y rapporte l'argumentaire d?ploy? par Ben Barka pour s'assurer l'aide du CJM dans son combat contre le pouvoir r?actionnaire repr?sent? par la monarchie marocaine.

Ben Barka aurait ?voqu? une fois encore, l'opposition de son mouvement ? la politique de Nasser, et le soutien dont il jouit aupr?s de nombreux pays africains.

Alexandre Easterman ?crit avoir questionn? Ben Barka sur la rupture des rapports postaux entre le Maroc et Isra?l, le refus de permettre de d?livrer des passeports aux Juifs marocains pour leur permettre d'?migrer en Isra?l et le refus d'Abdallah Ibrahim de le recevoir quand il s'?tait rendu au Maroc.

Ben Barka aurait ?voqu? l? aussi les forces r?actionnaires qui rendent toute politique d'ouverture impossible vis-?-vis d'Isra?l. Il aurait promis ? son interlocuteur qu'il s'arrangerait pour que Abdallah Ibrahim le rencontre lors de sa prochaine visite au Maroc.

Selon ce compte rendu, Mehdi Ben Barka a r?it?r? sa demande d'assistance. ? Il (Mehdi Ben Barka) esp?rait que le Congr?s Juif Mondial (CJM ) allait se joindre aux autres ?l?ments "lib?raux" pour soutenir son groupe par tous les moyens, et que c'?tait dans l'int?r?t des Juifs que le Congr?s devait le faire.

Je lui ai demand? ce qu'il entendait par soutien, et il a r?pondu : ''Soutien moral et mat?riel''. Il n'a pas pr?cis? ce qu'il entendait par l? et je ne lui ai pas demand? ?, rapporte Easterman dans ce document.

En conclusion, le dirigeant ?crit tr?s cyniquement : ? J'ai appris ? Paris que Ben Barka avait rencontr? nombre de personnes et de d?l?gations juives durant ces derni?res semaines. Il appara?t donc qu'il ne m'a pas accord? un privil?ge sp?cial en me rencontrant si ce n'est le fait de s'?tre d?plac? chez moi plut?t que le contraire. ?

Et d'ajouter : ? La nouvelle, et sans pr?c?dente sollicitude de Ben Barka ? l'?gard des Juifs, montre indubitablement sa volont? de nous rassurer, ? la lumi?re de ce qui s'est r?cemment pass? au Maroc. Ses promesses de tout arranger signale son souhait d'obtenir un soutien juif, quel que soit le sens qu'il donne au mot soutien. D'un autre c?t?, tout ceci sugg?re que sa position est bien plus faible qu'il ne veut nous le laisser croire. ?

Deux ?v?nements feront pencher le soutien des organisations juives et d?Isra?l au profit de celui qui ? l??poque n??tait encore que prince h?ritier, Moulay Hassan. En Mai 1960, Mohammed V limoge le gouvernement Ibrahim et installe un gouvernement ? la t?te duquel il met son propre fils. Le prince H?ritier accepte de rencontrer Alexandre Easterman apr?s avoir d?l?gu? pr?c?demment Bensalem Guessous ? Golda Meir ? J?rusalem, et se montre attentif ? ses requ?tes concernant la sortie des Juifs du Maroc. Un ? deal ? qui prendra corps en ao?t 1961 avec une v?ritable ?vacuation orchestr?e des Juifs marocains.

L?historien isra?lien affirme que Ben Barka, d?apr?s le t?moignage de Jo Golan, conseill? de Nahum Goldman, a m?me effectu? un voyage en Isra?l. Il a aussi re?u un salaire de la part des dirigeants du Congr?s Juif Mondial, malgr? quelques r?ticences de la part du minist?re des Affaires Etrang?res ? J?rusalem.

Ben Barka demanda aussi d?envoyer des stagiaires marocains de son parti ? l?Institut Afro-asiatique de la Histadrut ? Tel-Aviv.

M. Bin-Nun souligne que Ben Barka n?a m?me pas daign? demander ? ses interlocuteurs de garder en secret ses relations avec Isra?l. Les Isra?liens essay?rent de le persuader le leader de la gauche de contenir ses projets belliqueux, de collaborer avec ses adversaires et de ne pas s?aventurer dans une lutte arm?e contre le Palais.

BEN BARKA AGENT DES SERVICES SECRETS CHEKOSLOVAQUES

C ETAIT UN AGENT DES services secrets tch?coslovaques. Son nom de code, attribu? par Zdenek Micke aurait ?t? Cheikh8.

AFFIRMATION DE " L'Express" du 17 juillet 2007


Ben Barka a collabor? avec les services secrets tch?coslovaques. La preuve ? Un dossier de 1 550 pages exhum? des archives de ces services.
Petr Zidek, journaliste et historien ? Prague, a r?cup?r? et d?cortiqu? ces documents. Pour lui, pas de doute : l'ic?ne ?progressiste? du tiers-monde a bien ?t? un agent de l'Est, il avait rang de ?contact confidentiel? dans la classification de la StB, la S?curit? d'Etat tch?coslovaque. Des ann?es durant, sous le nom de code de ?Cheikh?, il a fourni des informations - plus ou moins fiables - ? divers ?officiers traitants?. Des informations transmises ensuite au KGB.
Ce dossier, num?ro de r?f?rence 43-802, est divis? en cinq parties. Il contient des centaines de fiches, de notes, de rapports en tout genre. On y apprend m?me que ?Cheikh? a suivi un stage de formation ? la lutte clandestine ! Ces documents ne sont pas de Ben Barka en personne, mais de ses contacts, soucieux de mettre noir sur blanc tout ce qu'il leur confiait. Si le sous-dossier 43-802-030, concernant le mode de r?mun?ration, a ?t? d?truit, le reste des archives montre que le leader de l'opposition marocaine a ?t? r?tribu? pour ses activit?s. Elles le pr?sentent aussi comme un ?agent d'influence?, charg? notamment d'inciter les dirigeants du Moyen-Orient ? s'aligner sur les positions de Moscou et non sur celles de P?kin.

La note r?dig?e par l'agent tch?que ?Motl?, apr?s ses deux premi?res rencontres avec Ben Barka, au printemps 1960, ? Paris. Au dessus, la fiche de l'agent ?Motl?. De son vrai nom Zdenek Micke, ce capitaine des services de renseignement a travaill? sous couverture diplomatique ? Paris, de novembre 1959 ? janvier 1967.
Cet informateur semble avoir beaucoup de relations parmi les Marocains de la capitale. Ce jour-l?, au Fouquet's, il pr?sente au faux diplomate un certain Kenfaoui, charg? d'affaires ? l'ambassade du Maroc. Ce dernier ignore ?videmment que Zdenek Micke, nom de code ?Motl?, est un agent de l'Est.
Les trois hommes aper?oivent alors un autre Marocain, ? une table voisine: Mehdi Ben Barka, 40 ans, leader en exil de l'Union nationale des forces populaires (UNFP, fond?e en 1959). Le faux diplomate tch?que en profite pour faire la connaissance de cet opposant de renom. Dans la foul?e, il le convie, ainsi que Kenfaoui, ? un d?ner qui se tiendra bient?t ? l'ambassade de Tch?coslovaquie.
Ce soir-l?, le 28 mars 1960, Kenfaoui tarde ? arriver. Retenu par un cocktail offert en l'honneur d'une d?l?gation malienne, il se pr?sentera avec une heure et demie de retard. Ben Barka, lui, est ponctuel. En attendant son compatriote, il discute avec Zdenek Micke (alias ?Motl?), sans se douter, lui non plus, que cet homme de 29 ans est un capitaine de la StB, l'?quivalent du KGB ? Prague.
Le d?partement ?renseignement ext?rieur? du service tch?coslovaque a ouvert un dossier - le 43-802 - au nom de Ben Barka. Une note de quatre pages, r?dig?e par Motl, relate le d?ner ? l'ambassade. ?Nous avons pu analyser dans le calme la situation actuelle au Maroc?, ?crit-il. Le fondateur de l'UNFP lui a confi? qu'il ne pouvait retourner dans son pays sans risquer l'arrestation. ?Ben Barka, poursuit Motl, ne voit qu'une seule issue pour son pays: s'engager dans la voie du socialisme. La premi?re condition est l'unification totale de toutes les forces de progr?s du pays dans une organisation politique. C'est pourquoi il veut traiter avec Ali Yata [NDLR: le secr?taire g?n?ral du Parti communiste marocain - PCM] pour obtenir l'accord du parti.? Autre signe positif aux yeux du capitaine: le leader tiers-mondiste, ? la recherche de contacts internationaux, dit vouloir rencontrer des dirigeants sovi?tiques, en particulier un proche collaborateur de Khrouchtchev, attendu ? Paris.
L'id?e d'un s?jour en Tch?coslovaquie a ?galement ?t? ?voqu?e au cours de la soir?e. Pour ses h?tes, il s'agissait d'une simple hypoth?se, lanc?e par politesse, mais l'opposant marocain y a vu, lui, une invitation en bonne et due forme.
A Paris, il emm?ne l'agent Motl au cin?ma
En avril, alors qu'il assiste ? une conf?rence de l'Organisation de solidarit? des peuples d'Afrique et d'Asie (Ospaa) ? Conakry, en Guin?e, Ben Barka rencontre l'ambassadeur tch?coslovaque dans ce pays, Vladimir Knap, et l'informe qu'il doit se rendre en Yougoslavie, en France, puis en... Tch?coslovaquie. La nouvelle, transmise ? Prague, affole le pr?sident de la R?publique et chef du PC, Antonin Novotny. Pour lui, il n'est pas possible d'inviter officiellement Ben Barka, au risque de se brouiller avec le Maroc de Mohammed V, un partenaire ?conomique de poids (le deuxi?me dans le monde arabe, apr?s l'Egypte). Mais comme il ne faut pas non plus contrarier Ben Barka, ?toile montante de la gauche internationale, on l'invitera de fa?on d?tourn?e, par l'interm?diaire de la centrale des syndicats.
Un sp?cialiste des archives secr?tes

Le premier s?jour ? Prague a lieu le 12 septembre 1961
Vu de Prague, son empressement est tel que l'heure est venue de l'enr?ler. Motl, lui, est plut?t r?ticent. M?me si, dans ses notes, il a d?j? attribu? un nom de code ? Ben Barka - ?Cheikh? - il n'est pas convaincu que son recrutement officiel (?verbovka?, dans le jargon du service) soit souhaitable. ?Sa verbovka sur la base habituelle ne me para?t pas r?alisable, ?crit-il le 1er juillet 1961. Cheikh a de grandes ambitions. Il veut jouer un r?le de premier plan dans le futur Etat marocain. Pour cette raison, il est possible d'envisager plut?t une coop?ration sur une base politique.? En attendant, le capitaine de la StB propose d'organiser sa venue en Tch?coslovaquie.
Le 12 septembre 1961, Mehdi Ben Barka se pr?sente en voiture, ? Dolni Dvoriste, poste fronti?re entre l'Autriche et la Tch?coslovaquie. Motl vient lui-m?me l'accueillir. L'op?ration de s?duction peut commencer. Les organisateurs veulent pr?senter ? Cheikh les succ?s du socialisme et le patrimoine culturel du pays. Il visite d'abord le village d'Orlik, son grand barrage, son c?l?bre ch?teau. Le soir, il a droit ? un spectacle dans un cabaret pragois, puis ? une vir?e dans un bar ? la mode. Les jours suivants, il sillonne la capitale, la province, visite une coop?rative agricole, une usine, le foyer industriel de Brno, s'entretient avec des responsables ?tudiants, des syndicalistes, des officiers...
Les comptes rendus de Motl font ?tat d'aspects plus priv?s. Il ?crit ainsi: ?Lors du d?ner au restaurant Chez M?c?ne, Cheikh a fait la connaissance d'une femme inconnue - d'orientation progressiste - et ils ont eu des relations intimes. Cheikh nous a dit qu'elle ?tait divorc?e, avec un enfant de 5 ans, et qu'elle ?tait d'origine russe.?
Ben Barka confie ? son ami qu'en France il use de la s?duction comme une ?m?thode efficace pour acqu?rir des informations?. Une anecdote ? ce propos est mentionn?e dans les archives. ?Son fr?re, ?crit Motl, vient de lui procurer une de ses ma?tresses, qui travaille comme dactylo au cabinet du ministre des Arm?es, Pierre Messmer, ? Paris. Cheikh va l'inviter ? Gen?ve, lui donner de l'argent et se consacrer ? elle - bien qu'elle ne soit pas jolie - afin de gagner sa faveur pour qu'elle lui fournisse des informations, ou plut?t des documents du minist?re.?
M?me s'il n'est pas encore question de verbovka, ce s?jour est ? l'?vidence une ?tape d?cisive. ?Les relations avec Cheikh ont ?t? consid?rablement approfondies, assure Motl. Je peux parler avec lui ouvertement de toutes les questions de renseignement.? De fait, Ben Barka sait beaucoup de choses: il voyage sans arr?t, c?toie des politiques, des journalistes, des diplomates, et sans doute des agents d'autres pays...
En cet automne 1961, la StB franchit un pas suppl?mentaire en commen?ant ? r?mun?rer Ben Barka. Celui-ci re?oit 1 500 francs par mois en ?change de documents qu'il pr?sente comme ?tant des bulletins du Service de documentation et de contre-espionnage fran?ais, le Sdece. Il affirme les tenir d'un agent fran?ais rencontr? gr?ce au journaliste et historien Roger Paret, sp?cialiste du Maroc ? France Observateur. M?me si la StB doute de l'authenticit? de ces notes, cela ne l'emp?che pas de r?tribuer son nouveau collaborateur. En novembre, le service finance aussi son voyage en Guin?e (3 500 francs). Toutes les informations fournies par Cheikh et jug?es importantes sont ensuite transmises au chef du KGB ? Prague. Dans le lot: des notes du minist?re fran?ais des Affaires ?trang?res. Ces documents du Quai d'Orsay, et ceux pr?sent?s comme des bulletins du Sdece, ne figurent pas dans le dossier dont nous disposons.
Le 15 mai 1962, Mehdi Ben Barka rentre au Maroc, o? le pouvoir semble soudain mieux dispos? ? son ?gard. D?s lors, par pr?caution, ses contacts avec la StB se rar?fient. Ses ?coll?gues? craignent le contre-espionnage marocain, sans doute pr?sent dans l'ombre. En f?vrier 1963, Cheikh se rend tout de m?me en Tch?coslovaquie. Il ne passe que deux jours ? Prague, mais cela lui suffit, apr?s un d?briefing d?taill? sur son parcours et ses motivations, pour ?tre officiellement recrut? (la fameuse verbovka). Une simple formalit?, compte tenu de ses ?tats de service depuis un an et demi. Dans la foul?e, il se voit attribuer un nouvel officier traitant: Motl c?de la place ? Karel Cermak, alias ?Cervenka?, du bureau central de Prague. Ben Barka sera dor?navant un ?contact confidentiel?, une sous-cat?gorie des agents dans la classification de la StB.
De retour au Maroc, il constate que son horizon politique est une fois de plus bouch?. Il se sait surveill? et craint pour sa vie ? la suite d'un accident de voiture suspect. Persuad? qu'un accord avec le pouvoir est impossible, il s'exile ? nouveau (23 juin 1963), d?finitivement cette fois.
Cheikh nous donne des documents int?ressants?
Cet infatigable globe-trotteur reprend alors son p?riple ? travers la plan?te. Avec, ? la clef, trois s?jours ? Prague: en juillet (deux jours), fin juillet- d?but ao?t (quatre jours) et fin novembre-d?but d?cembre (quatre jours). La capitale tch?coslovaque lui sert souvent de transit dans le cadre de ses voyages vers les pays communistes. Il a ses habitudes dans divers grands h?tels de la ville (Yalta, International, Paris). La STB en profite pour le d?briefer. Et aussi pour mettre sa ligne sur ?coute...
L'espion qui savait
C'est un espion d'autrefois. Un agent ? la retraite qui vit avec sa femme dans la campagne tch?que. Leur terrasse donne sur les champs. Le salon, lui, est d?cor? de quelques bibelots africains, souvenirs de l'?poque o? le ma?tre de maison officiait sous couverture diplomatique sur ce continent. A 74 ans, il a tout connu, Josef Orel: le monde du renseignement, puis l'affront de l'exclusion (1970) lors des purges cons?cutives au Printemps de Prague, et enfin la r?habilitation, l'honneur retrouv?, en 1990, ? la chute du communisme.
Il se souvient aussi avoir crois? Mehdi Ben Barka en 1960, lors d'un voyage en Guin?e, pour une conf?rence afro-asiatique, puis en 1961, ? Gaza, ? l'occasion d'une autre r?union internationale. Il garde de lui l'image d'un homme brillant, sympathique, ouvert. Et tr?s proche de son service... ?Avant le d?placement ? Gaza, ma hi?rarchie m'avait averti qu'il ?tait en relation avec nous, mais je ne devais rien lui d?voiler.?
A l'entendre, le dossier que l'historien et journaliste Petr Zidek a sorti de l'oubli est ?fiable et s?rieux?. Il n'en conna?t pas l'int?gralit?, et ignore tout des s?jours pragois de l'opposant marocain, mais, ? ses yeux, ce dernier n'?tait pas ? proprement parler un ?agent?, plut?t un informateur de haute vol?e, une des personnalit?s proches du communisme que Prague soutenait et utilisait dans le plus grand secret. ?Le but ?tait d'aider ces camarades dans leurs activit?s politiques, voire militaires, pr?cise l'ancien espion. A leur propos, nous employions le terme de "contact confidentiel". Je ne suis pas surpris que Ben Barka ait donn? des informations, ni qu'il ait per?u une aide financi?re et suivi un stage d'entra?nement.?
Petr Zidek, l'historien, va plus loin en estimant, documents ? l'appui, que le Marocain - nom de code ?Cheikh? - ?tait un agent ? part enti?re. ?Agent?, ?contact confidentiel?... quelle que soit sa forme, cette collaboration a semble-t-il ?chapp? ? la CIA et au Sdece fran?ais. ?Mehdi a eu de la chance, conclut Orel. Mais il faut dire aussi qu'? l'?poque nous ?tions assez efficaces sur l'Afrique!?
Le 17 d?cembre 1963, le chef du renseignement ext?rieur - la premi?re administration de la StB - Josef Houska, adresse une note ?logieuse au ministre de l'Int?rieur, Lubom?r Strougal (futur Premier ministre, de 1970 ? 1988): ?La collaboration avec le contact confidentiel Cheikh s'est av?r?e tr?s int?ressante pendant les deux r?unions d'ao?t et de novembre 1963. Cheikh est plus s?rieux dans la collaboration, il nous donne des informations et des documents int?ressants.? A cette occasion, Houska indique au ministre qu'un officier en poste en Alg?rie, le ?camarade Lensky?, sera dor?navant charg?, avec Cervenka ? Prague, d'assurer le lien avec Cheikh. Celui-ci, qui passe une partie de son temps en Alg?rie et en Egypte, percevra 1 500 livres sterling par an, ? condition de maintenir un contact r?gulier (au moins une fois par mois).
Un code va bient?t ?tre mis au point pour lui donner des instructions sans ?veiller les soup?ons de ceux qui, lorsqu'il se trouve ? l'?tranger, ?coutent sans doute ses conversations. Quand l'un de ses correspondants de la StB l'appelle et lui dit: ?Un journaliste important veut te voir ? Zurich?, cela signifie qu'il doit se rendre d'urgence ?... Prague. A l'inverse, si la phrase est: ?Un journaliste important veut te voir ? Gen?ve?, c'est ? Alger qu'il doit filer!
Le 19 ao?t 1964, le voil? de retour en Tch?coslovaquie, avec, cette fois, un passeport sp?cial alg?rien (num?ro 798) au nom de Zaidi Abdelkrim. Plus surprenant: il arrive ? Prague en voiture - une Opel Record immatricul?e GE 6367 - en compagnie de son ?pouse et de leurs quatre enfants! La famille a auparavant s?journ? ? Francfort, chez le fr?re de Mehdi, Abdelkader, qui fut un temps conseiller commercial aupr?s de l'ambassade du Maroc en RFA.
La hi?rarchie de la StB est furieuse: Cheikh n'a pr?venu personne de ce voyage familial! A l'?vidence, il vient avant tout pour que sa femme se repose dans la station thermale de Karlovy Vary. La StB accepte de prendre en charge les frais de ce long s?jour (trois semaines), mais Ben Barka, habitu? ? loger dans des ?tablissements haut de gamme, devra revoir ses exigences ? la baisse en passant de l'h?tel Moscou au plus modeste Central. Autre probl?me: son manque de s?rieux. Ses ?officiers traitants? lui reprochent un certain laisser-aller: ses informations sont tardives ou de troisi?me main, ses contacts avec Cervenka trop irr?guliers. Cons?quence: il ne sera plus pay? au forfait mais au coup par coup.

A la m?me ?poque (25 ao?t 1964), un capitaine ayant pour nom de code ?Doubek? r?dige un long rapport sur Ben Barka. Treize pages cinglantes: sa sinc?rit? est mise en doute; de graves contradictions sont relev?es dans ses informations; il est imprudent, au t?l?phone ou dans ses rencontres, trop bavard sur ses liens avec Motl et le service... Le capitaine ajoute: ?Il est s?r que Cheikh est "progressiste" dans les contacts avec nous, proam?ricain dans les contacts avec les Am?ricains et opportuniste dans les contacts avec Bourguiba, Nasser et les baasistes d'Irak et de Syrie.? Selon Doubek, il y a pire: les ?amis? - c'est-?-dire le KGB - pensent qu'il a ?t? corrompu par les Chinois!
A l'automne 1964, le Maroc commence ? soup?onner la Tch?coslovaquie de soutenir l'opposant en exil. Le 15 octobre, les agents de la StB en poste ? Rabat envoient m?me un message d'alerte ? Prague: le Maroc est, para?t-il, persuad? que ?le gouvernement tch?coslovaque entra?ne des partisans marocains ? la demande de Cheikh?. L'accusation comporte une part de v?rit?: la question de l'aide mat?rielle et de l'entra?nement des membres de l'UNFP a ?t? maintes fois ?voqu?e avec lui. Dans le dossier 43-802, il n'y a pas, toutefois, de preuves formelles d'une telle aide.
On sait en revanche que Ben Barka a suivi, ? sa demande, une formation aux techniques de ?conspiration?: les langages cod?s, les connexions radio, l'art et la mani?re de d?jouer une filature... Le stage a eu lieu ? Prague, du 9 au 17 mars 1965, dans un appartement ?banalis?? de la StB.
A la fin du mois de septembre 1965, Ben Barka se rend ? Cuba, puis revient dans la capitale tch?coslovaque (vol OK 524 du 1er octobre). De mani?re tr?s officielle cette fois, puisqu'il donne une conf?rence de presse. Ceux qui le croisent alors d?crivent un homme apeur?. Inquiet pour sa s?curit?, il demande m?me ? Cervenka de lui fournir un revolver, calibre 7,65 mm. Ce dernier s'engage ? lui procurer une arme lors de son prochain s?jour. Mais l'opposant marocain ne reviendra pas... Le 29 octobre, il est enlev? dans le Quartier latin, ? Paris, devant la brasserie Lipp, ce restaurant o? il avait d?jeun?, quelques ann?es auparavant, avec Motl!
La StB cherche ? tirer profit de l'enl?vement de l'opposant
La StB n'a rien ? voir avec ce rapt. Mais le retentissement est tel, en France comme ailleurs, qu'elle ne peut y rester indiff?rente. Le service d?cide donc d'ouvrir un sous-dossier, le 43-802-100, o? seront consign?es les informations ayant trait, de pr?s ou de loin, ? l' ?Affaire?. L'id?e est d'attiser l'agitation, d'en tirer un profit politique ? l'?chelle internationale.
C'est ainsi que la StB lance une campagne de d?sinformation baptis?e op?ration ?D?part?. Une note du 12 novembre 1965 en fixe les objectifs:
- attirer les soup?ons sur le gouvernement am?ricain et la CIA, pour faire croire qu'ils sont les organisateurs directs du rapt;
- d?noncer le roi Hassan II, le ministre de l'Int?rieur, le g?n?ral Oufkir, le directeur de la S?ret? marocaine, le colonel Dlimi, et les cadres du r?gime. Selon la note de la StB, ceux-ci doivent ?tre pr?sent?s comme des ?larbins actifs de l'imp?rialisme? ou des agents de l'espionnage am?ricain contre les dirigeants des pays arabes et africains;
- compromettre autant que possible la police et le gouvernement fran?ais, voire Charles de Gaulle en personne.
Bien s?r, il y a une part de v?rit? dans ces assertions, en particulier en ce qui concerne la responsabilit? de certains Marocains et de policiers fran?ais, mais le but de la StB est d'aller au-del?, d'exploiter au mieux ce scandale.
D'apr?s les archives, la StB s'est servie de divers correspondants dans la presse mondiale pour diffuser des informations r?pondant aux crit?res de l'op?ration ?D?part?. Ainsi, un journaliste ayant pour nom de code ?Samir? a publi? un article fortement inspir? par la StB dans le quotidien indien Patriot du 28 novembre 1965.
La presse fran?aise n'est pas ?pargn?e. Le dossier mentionne par exemple un journaliste (pr?sent? sous le seul sobriquet de ?Pipa?) travaillant pour Le Canard encha?n?. Il n'est toutefois pas pr?cis? s'il a ?t? manipul? par ses sources ou s'il a d?lib?r?ment diffus? de fausses informations.
Au cours des ann?es suivantes, alors que l'affaire continue de passionner l'opinion, la StB compl?te le sous-dossier 43-802-100. On y trouve m?me des ?l?ments tr?s pr?cis sur le proc?s des ravisseurs, en 1966. La StB disposait, semble-t-il, d'un agent - ?quip? d'un appareil enregistreur! - dans la salle d'audience! Motl lui-m?me, le ?recruteur? de Ben Barka, ?tait encore ? Paris ? cette ?poque, mais rien ne dit qu'il ait assist? au proc?s. Rentr? ? Prague en janvier 1967, il a ?t? limog? en 1972. Il est d?c?d? au d?but des ann?es 1990.
Si bien inform?s soient-ils, les amis pragois de Cheikh n'ont jamais pu savoir ce qu'il ?tait devenu apr?s son enl?vement. Sa collaboration avec la StB est rest?e, elle aussi, un secret bien gard?. D'apr?s les registres, le dossier 43-802 n'a ?t? consult? que deux fois: en 1972 et en 1983.

En 1976, le gouvernement des ?tats-Unis a reconnu suite ? des requ?tes formul?es dans le cadre du Freedom of Information Act que la CIA ?tait en possession de 1 800 documents sur Ben Barka, mais ils restent non publics. En 1982, suite ? la victoire de la gauche, les archives fran?aises du SDECE (anc?tre de la DGSE) sont ouvertes, mais une grande partie a disparu. Le secret-d?fense est lev? sur certains documents, mais la famille de Mehdi Ben Barka consid?re que ces documents d?classifi?s n'apportent rien de v?ritablement nouveau, en particulier en ce qui concerne les complicit?s des services fran?ais. En 2001, d'autres sont d?classifi?s. La ministre de la d?fense Mich?le Alliot-Marie a accept? de d?classifier les 73 restants sur cette affaire qui reste trouble, sans susciter d'euphorie chez la famille Ben Barka.


source
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http://radioislam.org/

http://www.lexpress.fr/actualite/societe/histoire/quand-cheikh-renseignait-prague_476141.html?p=2

http://fr.wikipedia.org/wiki/Mehdi_Ben_Barka
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