Le prophete mohammad et sa famille vénéréé

Les sources de la noble Sunna

Les sources de la noble Sunna

La Noble Sunna



Edité et traduit de l’arabe 

par

Abbas Ahmad al-Bostani


Publication de la Cité du Savoir

Editeur:

Abbas Ahmad al-Bostani

(La Cité du Savoir)

C.P. 712 Succ. (B)

Montréal, Québec, H3B 3K3

Canada

 

E-mail: abbas@bostani.com

Site Web: www.bostani.com

 

 

Première Édition: Décembre 2002

 

Titre original (en arabe) :

Maçâdir al-Sunnah al-Charîfah

 

 

ISBN: 2-922223-30-2

 

Copyright: Tous droits de traductions, de reproduction et d’adaptation interdits sans l’autorisation de :

Abbas Ahmad al-Bostani

 

 



 

Table des Matières

 

Leçon 1:

Qu’est-ce que le Hadîth

Discussion :

Bibliographie sommaire

Leçon 2:

Qu’est-ce que le Hadîth qudsî (saint)

La division des recherches des Sciences du Hadîth

Discussions

Bibliographie sommaire

Leçon 3 :

Comment naquit la Science du Hadîth

L’Interdiction de la Transcription du Hadîth après le décès du Prophète (P)

Les principales raisons de l’interdiction de la transcription

Les Conséquences et les résultats de l’interdiction de la Transcription du Hadith

Discussions

Bibliographie sommaire

Leçon 4 :

Le Hadith à l’Epoque des Imams (p) -1

Discussions

Bibliographie sommaire

Leçon 5 :

Le Hadith à l’époque des Imams (al-Hassan, al-Hussain et al-Sajjâd-p) -2

 

Comment était la situation des uléma de Hadith (muhaddithîn, “traditionnistes”) à cette époque?

Discussions

Bibliographie sommaire

Leçon 6 :

Le Hadith à l’époque des Imams (al-Bâqir, et al-Sâdiq -p) -3

Comment le Hadith a-t-il connu son essor après son ère d’asphyxie ?

Discussions

Biographie sommaire

Leçon 7 :

Le Hadîth de l’époque de l’Imam al-Kâdhim (p) à l’époque de l’Imam al-‘Askarî (p)

Les Rapporteurs des Hadith relatés par l’Imam Mûsâ Ibn Ja‘far al-Kâdhim (p)

Les Rapporteurs des Hadith relatés par l’Imam al-Redhâ (p)

Les rapporteurs des Hadith tenus de l’Imam al-Jawâd (p)

Les rapporteurs des Hadith tenus de l’Imam al-Hâdî (p)

Les rapporteurs des Hadith tenus de l’Imam al-‘Askarî (p)

Discussions

Bibliographie sommaire

Leçon 8 :

Les Quatre-cents Origines (al-Uçûl al-Arba‘mâ’ah)

Qu’est-ce que les Quatre-cents Origines ?

Que reste-t-il de ces “Origines” à notre époque ?

Discussions

Bibliographie sommaire

Leçon 9 :

Les Recueils (Corpus) de Hadith (al-Jawâmi‘ al-Hadîthiyyah)

Quels sont les corpus de Hadith chiites ?

Comment se sont constitués les corpus primaires?

Comment ont été organisés (classifiés) les corpus primaires ?

Les corpus primaires portaient-ils des titres particuliers ?

Discussions

Bibliographie sommaire

Leçon 10 :

Les Corpus secondaires

Comment se sont constitués les corpus secondaire?

Quels sont les Recueils secondaires ?

Quelles sont les méthodologies de ces quatre livres?

Quels sont les projets de recherches sur les Quatre-Livres?

Discussions

Bibliographie sommaire

Leçon 11:

“Kitâb al-Kâfî”

Quelles sont les caractéristiques de “Kitâb al-Kâfî”?

Qu’est-ce qui a motivé la compilation d’al-Kâfî?

Quelle est le mode de classification d’al-Kâfî ?

Les Hadith figurant dans la-Kâfî sont-ils tous authentiques (çahîh) ?

Quel est le nombre des Hadith d’al-Kâfî ?

Discussions

Bibliographie sommaire

Leçon 12 :

“Man Lâ Yah-dhuruhu-l-Faqîh”

Quelle est la raison de la composition de ce livre ?

Les marâsîl (les hadith mursal) de ce livre peuvent-ils être considérés comme hujjah (argument juridique) ?

Quel est le nombre des Hadith de ce livre?

Discussions

Bibliographie sommaire

Leçon 13:

“Al-Tah-thîb”

Quelles sont les traits distinctifs de ce livre?

Quel est le nombre de Hadith d’al-Tah-thîb ?

Discussions

Bibliographie sommaire

Leçon 14 :

“Al-Istibçâr”

Qu’est-ce que “al-Itibçâr” ?

Pourquoi l’opposition s’est-elle produite entre les Hadith ?

Comment al-Cheikh al-Tûcî a-t-il divisé “al-Istibçâr” et quel est le nombre de Hadith rapportés dans ce livre ?

Discussions

Bibliographie sommaire

Leçon 15 :

“Al-Jawâmi‘ al-Muta’akh-khirah” (Les Recueils ultérieurs)

Pourquoi ce nouveau regain d’intérêt pour le Hadith ?

Les caractéristiques des Recueils ultérieurs

Discussions

Bibliographie sommaires

Leçon 16 :

“Al-Wâfî”

Qu’est-ce que le livre d’“al-Wâfî” ?

Pourquoi al-Faydh al-Kâchânî a-t-il entrepris la compilation d’“al-Wâfî” ?

Quels sont les traits distictifs d’“al-Wâfî”?

La méthodologie du livre

Le nombre des Hadith et des chapitres d’“al-Wâfî”

Discussions

Bibliographie sommaire

Leçon 17 :

“Wasâ’il al-Chî‘ah”

Qu’est-ce que Wasâ’il al-Chî‘ah ?

L’ordonnance du livre d’“al-Wasâ’il”

Quelles sont les plus importantes des caractéristiques d’al-Wasâ’il ?

La méthodologie de l’auteur dans la composition de son ouvrage

Les éditions du livre et le nombre de ses Hadith

Bibliographie sommaire

Leçon 18 :

“Bihâr al-Anwâr” (Les Mers des Lumières)

Qu’est-ce que “Bihâr al-Anwâr” et qui l’a compilé?

Pour quelles raisons “al-Bihâr” a-t-il été composé?

Quelles sont les plus importantes caractéristiques de “Bihâr al-Anwâr”?

Quelles sont les plus importantes recherches relatives aux “Bihâr”?

Discussions

Bibliographie sommaire

Leçon 19 :

Mustadrak al-Wasâ’il

Qu’est-ce que Mustadrak al-Wasâ’il ?

Quelle est la principale raison de la compilation d’“al-Mustadrak” ?

L’ordre dans al-Mustadrak

Quelles sont les titres des Utilités (Fawâ’id) figurant à la fin d’al-Mustadrak?

Le nombre des Hadith d’al-Mustadrak et le nombre total des Hadith des deux livres

Discussions

Bibliographie sommaire

 

Leçon 20 :

Jâmi‘ Ahâdith al-Chî‘ah” (Le Recueil des Hadith des Chiites)()

Qu’est-ce que “Le Recueil des Hadith des Chiites”?

La méthodologie de Sayyed Burûjerdî dans “Jâmi‘ Ahâdîthal-Chî‘ah”

Comment a-t-on sélectionné les chercheurs chargés de compiler le livre ?

Le nombre des Hadith figurant dans “Jâmi‘ Ahâdith al-Chî‘ah”

Discussions

Bibliographie sommaire

Leçon 21 :

“Al-Arba‘ûnât” (Les Quarantes)

Le Développement du Récit des Quarante Hadith

Discussions

Bibliographie sommaire

Leçon 22 :

De Nouveaux Projets de recherche sur le Hadith-1

Y a-t-il de nouveaux projets de recherche sur le Hadith?

1-Les Hadith de Tafsîr

2-La Compilation des Hadith à contenu jurisprudentiel

3-La Compilation des Hadith contenant des Du‘â’

4- Les livres de Manâqib

5-Les Recueil de Hadith sur l’Ethique et le savoir-vivre

6-Les Explications des Hadith

Discussions

Bibliographie sommaire

Leçon 23 :

De Nouveaux Projets de Hadih - 2

Quels autres projets de recherche sur le Hadith?

Explications et Commentaires relatifs à des ouvrages de Hadith autres que les Quatre Livres

Discussions

Biographie sommaire

Leçon 24 :

Des Projets de Recherche contemporains

Quels sont les projets de recherche contemporains sur le Hadith ?

Discussions

Bibliographie sommaire

Leçon 25 :

Les Sources du Hadith chez les Sunnites

Quand la transcription du Hadith a-t-il commencé chez les Sunnites?

Les Recueils de Hadith secondaires

Les Recueil de Hadith ultérieurs (Al-Jawâmi‘ al-Muta’akh-khirah)

Discussions

Bibliographie sommaire

 

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Leçon 1

Qu’est-ce que le Hadîth

Le Hadîth est la seconde source de la noble Sunna après le saint Coran. Allah -qu’Il soit glorifié- nous demande de suivre Son Messager et de retracer ce qu’il a apporté. En effet, Allah dit : “Ce que le Messager vous a apporté, prenez-le (suivez-le) et ce qu’il vous a interdit abstenez-vous-en”[1] et :”Obéissez à Allah, au Prophète et à ceux parmi vous, qui détiennent l’autorité”[2]

D’autre part, le Hadîth consiste en la relation d’un acte, d’une parole ou d’une approbation tacite (d’un acte ou d’une parole) du Prophète (P) et de ses Successeurs infaillibles. De ce fait, il tient lieu d’un argument juridique (il a force de loi) dans les statuts (jugements) légaux. Très souvent le Hadîth ne fait qu’expliquer le Coran, détailler ses statuts cultuels, préciser (restreindre) ses énoncés absolus, et interpréter ses équivoques, comme il le fait lorsqu’il fixe par exemple la portion à couper de la main du voleur, peine décrété dans le Coran (couper la main du voleur), mais dont les modalités et la manière ne sont pas précisées, ou comme il le fait lorsqu’il spécifie une généralité énoncée dans le Coran qui dit :“Quant à vos enfants, Allah ordonne d’attribuer au garçon une part égale à celle de deux filles”[3], en précisant que (toutefois) “l’assassin n’a pas droit à l’héritage”.

De plus, le Hadîth comprend beaucoup de statuts indépendants, tel celui-ci : “Ce qui est mahram (interdit) par lien généalogique, devient mahram par allaitement aussi”[4]

De même, le mot Hadîth désigne la Sunna, laquelle “consiste en la parole, l’acte ou l’approbation non ordinaire du Prophète (P)- ou des Infaillibles en général- ”. Il y a également cette autre définition du Hadîth : “C’est le dire de celui qui n’a pas le droit de mentir et de se tromper dans ses actes, ses paroles et ses approbations, dire qui ne soit ni une parole du Coran ni une parole ordinaire”[5]

A l’origine, la définition du terme Hadîth ou sunna s’applique au Prophète (P). Si nous en avons toutefois généralisé la portée pour comprendre également ses Successeurs infaillibles, c’est parce que ces derniers sont ses gardiens sur la Religion après lui, et parce qu’ils n’émettent que des jugements qu’ils tiennent de lui, et ne rapportent que son Hadîth. C’est ce qu’ affirma l’Imam al-Sâdiq (p) : “Je tiens mon Hadîth de mon père[6], et mon père le tient de mon grand-père[7], mon grand-père le tient d’al-Hussayn[8], et al-Hussayn le tient d’al-Hassan[9], al-Hassan le tient à son tour d’Amîr al-Mu’minên[10], et Amîr al-Mu’minîn le tient du Messager d’Allah (P)”[11]

Selon “al-Irchâd” du Cheikh al-Mufîd, lorsqu’on interrogea l’Imam al-Sâdiq (p) sur l’absence de sources dans ses Hadîth : “Tu rapportes des Hadîth sans en citer les chaînes de transmission !”, il répondit : “Lorsque je relate un Hadîth sans en mentionner la chaîne de transmission, sachez ma source (chaîne de transmission) en est la suivante : mon père, de mon grand-père, de son père, de son grand-père, le Messager d’Allah (P), de Jibrâ’îl (l’Archange Gabriel), d’Allah - Le Puissant et Sublime”[12].

Ainsi, les Hadîth des Imams (p) sont les Hadîth du Prophète (P) et leur sunna est la sienne, car ils sont ses successeurs et ses gardiens sur l’intégrité de la Religion, et tout ce qui relate la sunna du Messager d’Allah (P) et la sunna de ses Successeurs est Hadîth et khabar (Information).

De même qu’on se réfère à l’autorité du Noble Coran pour connaître les statuts de la Religion, de même on se réfère à celle de la sunna pour déterminer la position de la Charia (la Loi islamique) vis-à-vis des statuts divins et de la connaissance de la Religion.

Donc, la sunna est la seconde source, après le Noble Coran, de la connaissance des statuts religieux. Et le seul moyen de connaître la sunna est le Hadith qui la relate.

En un mot, le Hadîth est le moyen de connaître la sunna et il est considéré comme la seconde source de la Législation islamique, après le Noble Coran.

Notons enfin que le Hadîth comporte généralement, comme on le verra, un matn (le texte ou le contenu du hadîth) et un isnâd (la chaîne des transmetteurs du texte du hadîth).

Discussion :

1- Quelle est la place du Hadîth dans la Législation islamique ?

2-Quelle est la preuve de l’obligation de suivre la sunna ?

3- Quel est le rapport du Hadîth avec le Noble Coran, en particulier et avec la Charia en général?

4- Quelle est la définition de la noble sunna ?

5- Pourquoi le Hadîth et la Sunna se sont-il étendus aux paroles et aux traditions des Successeurs infaillibles (p) ?

6-Pourquoi les paroles des Imams (p) sont-elles considérées comme un argument qui fait autorité?

Bibliographie sommaire :

1-“Maçâdir al-Fiqh al-Islâmî wa manâbi‘uhu” (Les Références de la Jurisprudence islamique et ses Sources), (ouvrage en arabe) de Ja‘far Subhânî, éd. Dâr al-Adhwâ’, Beyrouth, pp 79-93

2-“Târîkhé ‘umûmiyé Hadîth” de Majîd Ma‘ârif, éd. Téhéran, pp.31-39.

 


Leçon 2

Qu’est-ce que le Hadîth qudsî (saint)

Nous avons appris que le Hadith se compose d’un matn et d’unisnâd, et qu’il relate la Sunna. Celle-ci se présente sous forme d’une parole, d’un acte ou d’une approbation.

Il s’agit maintenant de traiter succinctement des détails des divisions du Hadith.

Concernant la sunna sous sa forme de parole, la recherche porte soit sur le matn soit sur l’isnâd. L’étude du matn - par lequel nous entendons la signification exacte des vocabulaires du Hadîth (les signifiants- se divise selon la clarté ou l’ambiguïté de la signification en : naçç (texte, sans équivoque), mujmal(équivoque), dhâhir (apparent) et mu’awwal (interprété). Ainsi si le signifiant (les mots en tant que signes graphiques) renvoie à un seul signifié (signification, sens) et exclue l’existence probable de toute autre signification, il est considéré comme “naçç”. Mais s’il admet la possibilité d’avoir une autre signification, deux cas de figure se présentent :1- si la probabilité que le signifiant renvoie à l’un des deux signifiés est égale à la probabilité qu’il renvoie à l’autre (50% - 50%), le Hadîth est mujmal. 2- mais si on estime que l’une des deux probabilités est plus grande que l’autre, deux cas de figure se présentent là aussi : a-si le chercheur choisit de suivre la grande probabilité en s’appuyant sur un indice, le Hadîth est “dhâhir[14], b- et s’il choisit de suivre la petite probabilité pour un indice (qui dicte son choix), le hadîth est “mu’wwal[15]

Il se divise, selon d’autres considérations en “haqîqah” (vérité), “majâz” (figuré), “much-tarak” (commun), “manqûl” (transmis), “mutlaq” (absolu), “muqayyad” (restreint), “‘âm” (général), “khâç” (particulier), “mubayyan” (clarifié), “mubayyin” (clarifiant), “nâsikh” (abrogeant), “mansûkh” (abrogé).

La fonction du muhaddith (chercheur en science de Hadîth, traditionniste) est de connaître tous ces détails afin de pouvoir octroyer à chaque hadîth sa valeur, s’il veut qu’on suive les enseignements qui y sont contenus.

Concernant l’étude du sanad, c’est-à-dire les chaînes des transmetteurs par laquelle le matn du hadîth nous est parvenu - puisqu’il doit y avoir forcément une voie qui mène vers l’auteur de ce matn, le Hadîth se divise, selon la qualité de la chaîne en : “hasan”, “muwath-thaq”, “muttaçil”, “maqtû‘ ” etc. L’étude de ces divisions comporte de nombreuses utilités précisées dans ‘ilm al-dirâyah ( science de dirâyah)[16].

Concernant la Sunna sous sa forme d’acte, si l’acte de l’Infaillible (le Prophète ou ses Successeurs légitimes) est accompli dans l’ intention d’indiquer un acte législatif, le caractère obligatoire, recommandé ou neutre ressort de l’indication de l’Infaillible lui-même. Mais son acte a priori (ibtidâ’î) ne constitue pas un argument qui ait force de loi, sauf si on a des indices qu’il a été accompli dans un dessein précis. En l’absence de tels indices, son acte abstrait (mujarrad, dépouillé d’indices) dénote, tout au plus, la permission (jawâz) lorsqu’il s’agit d’actes de la norme (les traditions et les coutumes des sages) et la préférence (rajhân), lorsqu’il est question d’actes cultuels.

Concernant la sunna d’approbation, vu que l’Infaillible ne saurait approuver un acte répréhensible, à moins qu’il y ait une force majeure (l’observation de la taqiyyah), tout acte auquel on se livre en sa présence, à son vu et à son su, est considéré comme permis, s’il ne le désapprouve pas (à condition qu’il n’ y ait pas de circonstances qui requièrent son silence -l’observation de lataqiyyah).

Par exemple si l’Infaillible venait à voir quelqu’un frapper son fils pour le corriger, sans le désapprouver et sans qu’il y ait une circonstance qui requiert la taqiyyah, son silence et le fait qu’il ne l’ait pas dissuadé de commettre cet acte équivaut à une approbation tacite et indique qu’il est permis de corriger physiquement l’enfant; car si cet acte n’était pas permis, l’Infaillible aurait l’obligation de l’en dissuader, obligation qui découle de l’obligation islamique de l’interdiction du mal (al-nahyy ‘an-il-munkar). Par conséquent toute approbation tacite de l’Imam en l’absence de situation qui requiert la taqiyyah vaut une autorisation, et ce sur la base du caractère légal de l’approbation tacite de l’Infaillible.

Discussions

1- Combien de sortes de Hadîth y a-t-il ?

2- Quelle est la différence entre le Hadith et le Hadith qudsî ?

3-Quelle est la différence entre le Hadîth qudsî et le Noble Coran

4-Quelles sont les divisions de la recherche sur la sunna et le Hadîth ?

5- Quelles sont les différences entre la sunna de parole (sunna qawliyyah), la sunna d’acte (sunna fi‘liyyah) et la Sunna d’approbation tacite (sunna taqrîriyyah) ?

6-Quelles sont les conditions qui octroient à la Sunna d’acte force de loi ?

7-Quelles sont les conditions qui octroient à la Sunna d’approbation tacite force de loi ?

Bibliographie sommaire

1-“Al-Jawâhir al-Saniyyah fî-l-Ahâdîth al-Qudsiyyah” d’al-Cheikh al-‘Âmilî, éd. de Baghdad.

2-“Bihâr al-Anwâr” d’al-‘Allâmah al-Majlicî, éditions de Beyrouth et de Téhéran.

3-“Dirâyat al-Hadîth” de Kâdhim Mudîr Chanichî, éd. De Qum, pp.13-14.

4-“Târîkhé ‘Umûmiyé Hadîth” de Majîd Ma‘ârif, éd. De Téhéran, pp.29-31.

 

 


Leçon 3

Comment naquit la Science du Hadîth

Le premier à avoir prescrit la transcription et la mémorisation du Hadîth était le noble Prophète lui-même (P). Selon Abdullâh Ibn Omar :“Nous avons demandé au Prophète : “O Messager d’Allah ! Nous entendons de toi beaucoup de choses que nous ne nous rappelons pas. Pourrions-nous les transcrire ?” Il a répondu :“Oui ! Écrivez-les donc”[17]

Selon Ibn Omar encore : “J’ai demandé au Prophète : “Pourrais-je enregistrer la Science (le Hadîth)? “Oui”, répondit-il”[18]

On rapporte également que le Prophète (P) fit un jour le discours suivant : “Qu’Allah embellit tout homme qui, ayant entendu ma parole, la mémorise, la comprend et la transmet à ceux qui ne l’ont pas entendue, car un porteur de savoir pourrait n’avoir pas de savoir lui-même, et un porteur de savoir pourrait transmettre le savoir à quelqu’un qui sereait plus instruit que lui.”[19]

Il a même donné l’instruction à certains Compagnons de transcrire le Hadîth. Il demanda ainsi à Ali (p) : « “O Ali ! Transcris ce que je te dicte”. Ali (p) lui dit : “O Messager d’Allah ! Est-ce parce que tu as peur que j’oublie!?” Le Prophète (P) répondit : “Non, je n’ai pas peur que tu oublies, car j’ai prié Allah - Le Puissant et Sublime - de t’accorder une bonne mémoire et de ne pas te faire oublier. Mais si je te demande de transcrire, c’est pour tes associés”. Ali (p) lui demanda : “Et qui sont mes associés, o Prophète d’Allah !?” Le Prophète (P) répondit : “Les Imams issus de ta progéniture”»[20]

En outre, le Prophète (P) donna l’ordre de rédiger ses lettres aux Rois et personnalités notoires de son époque et il apposa son sceau sur tous les accords et traités conclus avec eux. Cette initiative indique clairement la permission de la transcription et équivaut à une autorisation de l’écriture donnée aux Musulmans.

Ceci, il le traduisit en pratique, lorsqu’il proposa, à la fin de la Bataille de Badr, à chaque prisonnier de guerre polythéiste, qui savait lire et écrire, la libération, s’il consentait à apprendre à dix enfants musulmans à lire et à écrire. Donc le Prophète (P) était le premier à avoir incité à l’écriture en Islam, ce qui contredit les tenants de l’opinion qui attribue au Prophète (P) lui-même l’interdiction de la transcription du Hadîth.

D’autre part, plusieurs livres (çuhuf) furent rédigés à son époque. Nous en citons ci-dessous quelques-uns :

1- Çahîfat ‘Alî (p) : il traite du ‘aql (la raison, l’intellect), des diyyât, des statuts de libération de captifs[21].

2-Çahîfat al-Madanî, le serviteur du Prophète (P). Il contient des Traditions, des statuts légaux et des affaires.[22]

3-Çahîfat ‘Abdullâh Ibn ‘Omar qui l’intitula :“al-Çâdiqah”. Il comprenait 1000 Hadîth. L’auteur y dit : “J’écrivais tout ce que j’entendais du Messager d’Allah en vue de le mémoriser. Les Quraych m’ont interdit de continuer en prétextant: “Tu écris tout ce que tu entends du Messager d’Allah (P)! Or, le Messager d’Allah (P) est un être humain qui parle aussi bien lorsqu’il est en colère que lorsqu’il est content!”. Dès lors je me suis abstenu d’écrire, en informant le Messager d’Allah (P) des allégations des Quraych. Le Messager d’Allah (P), pointant alors son doigt vers sa bouche, dit : “Écris ! Car par Celui Qui détient mon âme, il n’en (de ma bouche) sort que la Vérité”[23]

4-Çahîfat Sa‘d Ibn ‘Ubâdah al-Ançârî, laquelle mentionne une série de Hadîth du Prophète (P).

5- Çahîfat Jâbir Ibn ‘Abdullâh al-Ançârî, à laquelle ont fait référence : Ibn S‘ad dans ses “Tabaqât”, ‘Abdul-Razâq dans son “Muçannaf”, et al-Thahabî dans “Tath-kirat al-Huffâdh[24].

Ceci dit, on peut citer à titre d’illustration quelques échantillons de Hadith du Prophète (P) incitant à la transcription du Hadith ou l’autorisan:

“Écrivez sans embarras”[25] ; “Enregistrez le Savoir par l’écriture”[26] ; “Écrivez à Abî[27] Châh” ; “Fais appel à ta droite”[28].

Selon le Docteur ‘Atr, les Hadith qui établissent la transcription du Hadîth du Prophète de son vivant sont tellement nombreux qu’ils atteignent le stade de la concordance (tawâtur)[29]

L’Interdiction de la Transcription du Hadîth après le décès du Prophète (P)

Les ulémas du Hadith ont tenté de rechercher les motivations des tenants de l’interdiction de la transcription du Hadith. Ils ont avancé plusieurs raisons possibles : les uns expliquent cette interdiction par :

- Un intérêt quelconque qu’auraient trouvé Abû Bakr et de ‘Omar pour cette interdiction;

- La crainte de voir le Coran abandonné au profit du Hadith;

- La peur de confusions entre le Coran et le Hadith ;

- L’ignorance des Compagnons de l’écriture ;

- La conservation de la faculté de mémorisation;

- La peur de se concentrer sur les apparences du Hadith et la négligence des actes ;

- L’empêchement de la propagation des mérites des Ahl-ul-Bayt, mérites dont la propagation aurait conduit à s’interroger sur la légitimité du Califat de Omar et d’Abu Bakr etc..

Toutes ces raisons ont été étudiées exhaustivement dans un livre intitulé “Man‘ Tadwîn al-Hadîth” (L’Interdiction de la Transcription du Hadith), publié à Qom en 1418 H.

Les Conséquences et les résultats de l’interdiction de la Transcription du Hadith

L’interdiction de la transcription du Hadith eut des conséquences fâcheuses durant des siècles. En voici quelques-unes :

1-La disparition d’un grand nombre de Hadith (perdus ou brûlés)

2-La propagation de Hadith inventés, après que les Musulmans eurent constaté le grand vide laissé dans leur vie à cause de l’interdiction de la transcription du Hadith, vide que les gouvernants exploitèrent pour laisser libre cours à l’invention de hadith complaisants, sous prétexte de vouloir combler ce vide

3-La proscription des Ahl-ul-Bayt de la direction de la Umma, ou même de la vie musulmane en général, conséquemment à la dissimulation de leurs mérites et leur préséance qui prévalent dans le Hadith.

À cause de cette courte période noire de l’Histoire de la Umma, celle-ci a subi des dégâts considérables et a enregistré un retard de plusieurs siècles par rapport aux objectifs qui lui avaient été fixés.

 

Discussions :

1- Comment naquit la science du Hadith et qui fut le premier à avoir ordonné la transcription du Hadith ?

2- Quelle était l’initiative pratique du Prophète (P) pour inciter à la transcription du Hadith ?

3- Mentionnez les titres de quelques livres écrits à l’époque du Prophète ?

4- Citez quelques Hadith du Prophète (P), qui incitent à la transcription du Hadith.

5-Quelle était la période pénible qui marqua négativement l’histoire du Hadith après le décès du Prophète ?

6- Mentionnez quelques raisons avancées par les ulémas du Hadith pour expliquer les motifs de l’interdiction du Hadith.

7- Quelles sont les conséquences de l’interdiction de la transcription du Hadith ?

Bibliographie sommaire :

1- L’Introduction des “Wasâ’il al-Chî‘ah” (en persan), Tom. I, pp. 9-20 (édition moderne de Qom)

2-“Sayré Hadîthé Dar Islâm” (en persan) de Sayyid Ahmad Mîrkhâ’î, édition de Qom, pp. 27-34.

3-“Man‘ Tadwîn al-Hadîth : Asbâb wa Nata’ij” (L’Interdiction de la Transcription du Hadith : les causes et les conséquences), du Sayyid ‘Alî al-Chahristânî, éd. Qom, pp. 17-83.

4-“Tadwîn al-Sunnah al-Charîfah” de Sayyid Muhammad Ridhâ al-Jalâlî, éd. Qom, pp. 599-563.

 


Leçon 4

Le Hadith à l’Epoque

des Imams (p) -1

Qui sont les auteurs d’ouvrage de Hadith (muçannifûn) à l’époque des Suivants[33]

Nous avons déjà abordé l’époque du Prophète (P) et mentionné les Hadith du Prophète relatifs à la transcription du Hadith. Nous avons cité également les noms de quelques Compagnons du Prophète (P), qui avaient transcrit le Hadith de son vivant.

Il s’agit maintenant d’aborder l’époque de l’après-Prophète (P) et de présenter certains Suivants (Compagnons de la deuxième génération) qui ont suivi la voie du Prophète (P) et de ses Compagnons concernant la transcription du savoir et de la Sunna :

1- Salîm Ibn Qaïs al-Hilâlî (décédé autour de l’an 90 H.)

Il composa un livre contenant ce qu’il avait entendu du Messager d’Allah (P), de l’Imam Ali (P), d’al-Miqdâd, de Salmân al-Fâricî, d’Abû Tharr et d’autres illustres Compagnons du Prophète (P). Aussi son livre est-il considéré comme une source première des livres, ou bien mieux, certains historiens le classent parmi les tout premiers livres des Chiites[34].

2-Al-Açbagh Ibn Nubâtah (décédé après l’an 101 H.)

Il est un compagnon d’Amîr al-Mu’minîn, l’Imam Ali Ibn Abî Tâlib (p). Il écrivit un livre qui comprenait la Lettre de l’Imam Ali (p) à Mâlik al-Achtar, lorsqu’il le nomma Gouverneur d’Egypte, et Le Testament de l’Imam Ali (p) à Muhammad Ibn al-Hanafiyyah[35], ainsi que d’autres sujets tirés de la Porte de la Cité du Savoir du Prophète (P) qu’est l’Imam Ali (p)

3-‘Ubaydullâh Ibn Abî Râfi‘ (décédé avant l’an 100 H.)

Il était l’écrivain ou le biographe de l’Imam Ali (p). Dans son livre, il compila les affaires de l’Imam (p), et les noms de ses Compagnons qui avaient participé aux Batailles d’al-Jamal, de Siffîn et de Nahrawân. Al-Cheikh al-Tûcî le cite dans son “Fihrist”[36]

4-‘Alî Ibn Abî Râfi‘ (décédé avant l’an 100 H.)

Il est le frère de ‘Ubaydullâh Ibn Abî Râfi‘, cité ci-dessus. Il était un scribe de l’Imam Ali (p) et il compila un livre sur le wudhû’ et sur toutes les autres parties de la jurisprudence (fiqh). Il participa aux guerres de l’Imam (p)[37].

5-Zayd Ibn Wahab (décédé après l’an 83 H.)

C’est un Compagnon kûfite de l’Imam Ali (p). Il compila les prônes du Commandeur des Croyants (l’Imam Ali) prononcés les vendredis et les jours des fêtes. Il est cité par al-Cheikh al-Tûcî[38].

 

6-Maytham al-Tammâr (décédé en l’an 60 H.)

Il est l’un des compagnons intimes de l’Imam Ali (p), lequel l’a entouré d’un soin particulier. Aussi a-t-il pu puiser tellement dans le savoir de l’Imam qu’il compilera un ouvrage de Hadîth qui servira de source à al-Cheick al-Tûcî dans “al-Amâlî”, et à al-Kich-chî dans ses “Rijâl”. Il écrivit aussi un livre de tafsîr (interprétation) que lui dicta l’Imam Ali (p).

7-Abû-l-Aswad al-Du’alî (décédé en l’an 69 H.)

Son vrai nom est Dhâlim Ibn ‘Amr, surnommé Abî-l-Aswad. Il était un compagnon de l’Imam Ali (p), de qui il apprit la Grammaire pour la diffuser parmi les milieux spécialisés.Et lorsqu’il montra son oeuvre à l’Imam (p), celui-ci l’en félicita dans ces termes : “Quelle bonne grammaire tu as présentée!”[39]

 

Discussions

1-Qui sont les plus célèbres auteurs de livres à l’époque de l’Imam Ali (p) ?

2-Quel est le sujet du livre de Salâm Ibn Qaïs?

3-Quel est le sujet du livre de Zayd Ibn Wahab ?

4-Quel est le sujet du livre de Maytham al-Tammâr ?

5-Quel est le sujet de l’écrit d’Abû-l-Aswad al-Du’alî?

Bibliographie sommaire

1- L’Introduction de “Mawsû‘at Tabaqât al-Fuqahâ’ ” (Encyclopédie des Classes des Juristes), pp.118-121 et 135-136.

2- “Sayré Hadîth dar Islam” (persan), d’Ahmad Mîrkhânî, p35-56

3-“ ‘Ilm al-Hadîth ” (La Science du Hadith) de Kadhim Mudîrchânechî, pp66-72.

4-“Tâtîkhé ‘Umûmyé Hadîth” (persan), de Majîd Ma‘ârif, p. 207-209.

 

 

Leçon 5

Le Hadith à l’époque des Imams (al-Hassan, al-Hussain et al-Sajjâd-p) - 2

Comment était la situation des uléma de Hadith (muhaddithîn, “traditionnistes”) à cette époque?

Le Hadith traversa une période noire à l’époque des Imams al-Hassan, al-Hussain, et la-Sajjâd (p), et on considère cette époque comme étant l’époque de l’absence du Hadith dans la société musulmane et de l’éloignement de cette société du Hadith. Cette situation culmina pendant la période allant du martyre de l’Imam Ali (p) en l’an 40 H. à l’après-martyre de l’Imam al-Hussain (p) à Karbalâ’ en l’an 61 où le Califat se transforma en une monarchie omayyade qui interdit strictement la diffusion des Hadith du Prophète (P) et notamment ceux qui mettaient en évidence les mérites et la préséance de l’Imam Ali (p) sur tous les autres Compagnons. Mu‘âwiyah Ibn Abî Sufiyân, le fondateur de la dynastie omayyade, non content de cette interdiction aberrante, poussa sa haine encore plus loin, en envoyant al-Dhahhâk Ibn Qais al-Fihrî en Irak avec l’ordre de marcher par vengeance avec ses soldats sur tout village partisan de l’Imam Ali (p). Dans ces razzias beaucoup de Chiites, dont de nombreux porteurs et transmetteurs de Hadith furent assassinés[40].

Ainsi, pendant cette période, une fumée noire couvrait le Hadith et les muhaddithine (les traditionnistes, les ulémas de Hadith), et personne n’osait rapporter tout ce qu’il avait entendu de la bouche du Prophète (p), ni publier un livre mentionnant les mérites de l’Imam Ali (p) soulignés par le Messager d’Allah (P). Les couloirs du Hadith furent ainsi vides de professeurs et d’élèves.

Mais au cours de cette période un phénomène plus grave que l’interdiction de la transcription du Hadith et plus dangereux pour le présent et l’avenir de celui-ci vit le jour. Il s’agit de “l’invention de faux Hadiths” vantant les mérites des Omayyades et attribués à de grands Compagnons et même au Prophète lui-même (P). Le marché de Hadith inventés s’épanouit grâce à la générosité des Gouvernants et la complicité de tous ceux qui avaient intérêt à comploter contre le présent et l’avenir de l’Islam. Ainsi les Gouvernants s’ingénièrent à décerner des prix faramineux ou à offrir des postes dans les hautes fonctions aux inventeurs d



22/09/2009
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